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28 janvier 2008

anniversaire




"Ah!... voici ma chauve-souris fidèle! A me trouver chaque soir assise sur cette pierre, chaque soir elle descend un peu plus, rase de près mes cheveux... Elle nage, crisse, remonte, happe l'invisible et frôle mon épaule quand je la cherche là-haut...
Un dos arqué caresse mes jambes, s'en va, revient, me recaresse... Un ronron mijote au ras de terre, et c'est Péronnelle, grasse et rayée, qui vient me faire son salut du soir... Sous son vêtement d'été, dans le crépuscule, elle semble transparente et palpable, comme une crevette grise dans l'eau marine... La nuit rassurante resserre autour de moi le cercle de mes bêtes amies, et de toutes celles que je ne puis voir dans l'ombre, mais dont j'entends les pas ténébreux : trap-trap du hérisson qui trotte, aventureux, du chou à la rose, de  la rose au panier d'épluchures... frôlement sur le gravier comme un pied qui traîne: c'est la lente marche du crapaud très ancien, le large et opulent crapaud qui vit sous les pierres du mur éboulé. Toby le craint, mais Péronelle ne dédaigne pas de gratter à tâtons son dos grenu, du bout d'une patte taquine... Sur le laurier-rose, un sphinx vibre, immobile, fixé à la fleur par sa trompe déroulée comme par un laiton très fin. Il vibre si follement qu'il semble, transparent, l'ombre de lui-même...
Le temps est loin où je n'aurais pas résisté, à enfermer dans ma main, son vol électrique, pour regarder luire, loin de la lampe, ses yeux phosphorescents... Je sais mieux chérir, maintenant, et je veux libres, autours de moi, la vie des plantes et celle des bêtes sans défiance..."



La Retraite Sentimentale.Colette.1907
















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